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Arguments défavorables

Même si la 5G a un intérêt technologique qui permettrait de développer de nouvelles pratiques, c’est également l’un des principaux qui portent à controverses en France ces dernières années. De nombreux acteurs s’y opposent fermement.

 

Tout d’abord, l’un des problèmes est démocratique. Les décisions du gouvernement ont été prises directement, sans aucune consultation citoyenne. Le 12 septembre 2020, à travers une tribune dans Le Journal du Dimanche, une soixantaine d’élus de gauche dont de nombreux maires ont demandé au président de la République la tenue d’un moratoire sur le déploiement de la 5G et ont accusé le gouvernement de ne pas avoir consulté la population dans la prise de décision. Ils rappellent qu’Emmanuel Macron s’était engagé à étudier une demande de moratoire lors de la convention citoyenne pour le climat. Aucune suite n’a été donnée par l’Etat à cette demande de moratoire.

 

Ce qui fait couler le plus d’encre est peut être l’argument écologique. En effet, l’augmentation des débits avec la 5G entraînera “une hausse de la consommation de données et d'usage des télécommunications, synonyme d'une très forte consommation d'énergie par la sollicitation des antennes et des serveurs”, comme l’explique la soixantaine de signataires de la demande de moratoire. Ils ajoutent également que cela va nécessiter d’utiliser encore plus de ressources non renouvelables (extraction de métaux, recyclage non parfait) et une hausse de l’empreinte écologique, qui est d’ailleurs déjà très élevée.

 

Le développement de la 5G provoque logiquement la fabrication et l’installation de nouveaux équipements car les infrastructures pour la 4G et les autres anciennes générations sont dépassées. Les terminaux utilisés par les particuliers deviennent obsolètes et ne peuvent recevoir la 5G. D’après Dominique Boullier, la 5G n’est qu’un nouveau lobby commercial des opérateurs, fabricants de téléphone et autres entreprises pouvant en bénéficier afin de vendre de nouveaux téléphones, en se désintéressant totalement des risques ou dangers écologiques et environnementaux. Il serait donc intéressant de mettre en place un cahier des charges régissant rigoureusement la 5G d' un point de vue environnemental. Pour pallier ces problèmes environnementaux, diverses associations se sont intéressées à cette cause jusqu’à créer une pétition pour soutenir leur demande de moratoire. Les deux principales associations luttant contre la 5G sont “Agir pour l’environnement” et “Priartem”. Ces associations demandent une véritable étude des impacts. En effet, nous savons que l'arrivée de la 5G va avoir un impact sur notre environnement car cela va encore augmenter notre consommation d’électricité. Au niveau, ce surplus de consommation devrait représenter presque une centrale électrique en plus.

 

Mis à part les problèmes environnementaux, un autre argument défavorable est l’argument sanitaire. Encore une fois dans la demande de moratoire, les élus expliquent que la 5G provoque encore plus d’émissions d’ondes qui vont venir s’additionner à celles déjà présentes (de la 2G, de la 3G et de la 4G) et une utilisation encore plus importante d’objets connectés. 

Dominique Boullier met en avant pour Mediapart le 16 juillet 2020 le manque de connaissance sur les nouvelles fréquences d’ondes utilisées. Certes, nous savons qu’elles ne présentent pas de danger seules mais il n’y a pas réellement d’études sur les risques liés à la densité provoquée par ces nouvelles fréquences additionnées à toutes celles déjà existantes. Chaque onde électronique est contrôlée seule mais pas avec toutes les autres qui saturent l’air.

 

Pour l’argument du retard technologique avancé par le gouvernement, Dominique Boullier rappelle également certaines décisions précipitées pour les mêmes raisons telles que pour l’automobile, le nucléaire ou des produits chimiques. Ces différents thèmes créant également des controverses ont permis des avancées mais sont maintenant souvent critiqués voire interdits. Il considère que nous ne sommes pas capables de prévoir les conséquences du déploiement de la 5G à long terme.

 

De plus, des recherches approfondies ont bien confirmé que la 5G pourrait possiblement avoir des conséquences sur notre santé, même si les résultats ne sont pas toujours fermes. C’est le rôle de ANSES qui a conduit des expertises sur l’exposition de la population aux champs électromagnétiques de la 5G et sur les éventuels effets sanitaires que cela produit. Plusieurs scientifiques du monde entier s’opposent également fortement à l’arrivée de cette 5G. Cependant, l’ANSES ne donne pas d’avis tranché sur la question car on ne connaît pas encore totalement les effets que peut provoquer ma 5G. Elle insiste tout de même sur le fait que la présence de risques par rapport aux fréquences utilisées ne sont pas impossibles.

 

Alors que l’ANSES garde un avis mesuré, certains professionnels de la santé le sont beaucoup moins. En effet, dans un appel à l’Union européenne et aux gouvernements de tous les pays, plus de 180 scientifiques et médecins de 37 pays ont mis en garde contre les effets sanitaires de la 5G, qui exposerait la population à un exposition importante de radiations électromagnétiques. Ils ont d’ailleurs demandé un moratoire international sur le projet en 2017. Le docteur suédois Lennart Hardell dit que des études scientifiques aussi bien récentes que plus anciennes montrent l’existence d’effets nocifs sur notre santé des produits sans fil. Il s’inquiète donc du déploiement de la 5G qui va selon-lui entraîner une très nette augmentation de l’exposition de la population européenne à des radiations qui pourraient entraîner des dommages irréversibles.

 

Cependant, ils ne sont pas les seuls à avoir un avis sur la question sanitaire. L’organisation mondiale de la santé (OMS) est plus mitigée sur le sujet. Elle considère que de manière générale notre exposition aux objets électroniques sans fil n’est pas forcément positive mais qu’à ce jour très peu d’effets négatifs ont été trouvés. Mis à part des études scientifiques qui ont montré une augmentation de la température corporelle jusqu’à 1°C lors d’une exposition à des champs électromagnétiques de très haute intensité, que l’on ne trouve que dans les usines. Les niveaux d’exposition des radiofréquences des réseaux sans fil sont suffisamment bas pour que l’augmentation de la température reste insignifiante et n’ait donc pas réellement d’effet sur notre santé. L’OMS a également fait une étude pour savoir si les radiofréquences peuvent être à l’origine d’une augmentation de cancer mais ça ne semble pas être le cas. L’organisation indique ne pas avoir pu démontrer que les fréquences électromagnétiques provoquaient des symptômes.

 

Un autre argument est social : la 4G n’est déjà pas accessible partout et la 5G va encore davantage creuser les “fractures numériques existantes” entre villes et zones rurales, d’après les élus de l’opposition dans la demande de moratoire de septembre 2020. La 5G n’est pas forcément nécessaire aujourd’hui socialement alors que la 4G ou la fibre optique ne sont déjà pas disponibles partout dans l’hexagone. La 5G ne peut que davantage aggraver les inégalités territoriales et renforcer des inégalités déjà présentes. Les zones rurales ne sont en effet pas rentables par rapport aux villes et zones denses en population et attirent donc moins les opérateurs de télécommunication.

 

De plus, la population se pose la question sur les risques de la cybersécurité. Nous pouvons voir que de nombreux utilisateurs se plaignent sur les réseaux sociaux, à travers des groupes Facebook par exemple, où ils se rassemblent et dénoncent la 5G, qui va selon eux apporter de nombreux problèmes comme une augmentation des piratages et des reventes de données. Cela paraît moins crédible mais certaines personnes avancent des théories du complot plus ou moins folles. En tout cas, ils sont d’accord sur le fait que la 5G ne serait qu’un prétexte pour forcer les gens à changer de smartphones…

 

Alors que la France est extrêmement dépendante de la Chine sur le plan industriel, Dominique Boullier met en avant pour Médiapart l’intérêt de se détacher au maximum de cette dépendance et de revenir vers une souveraineté nationale ou au minimum européenne. Après la polémique en raison des accusations d’espionnage et d’abus de pouvoir contre la Chine et Huawei par Trump en mai 2020 ainsi que l’évidence de l’espionnage mené par tous les pays, et en particulier par les Etats-Unis, il serait profitable de profiter de la 5G pour se détacher et s’affranchir de cette dépendance à d’autres Etats et contrôler davantage les entreprises, en leur demandant certains documents et pouvoir les auditer régulièrement.

 

Les acteurs favorables voient en la 5G un superbe développement technologique mais une question peut se poser : la 5G est-elle réellement indispensable pour la majorité de la population française? En effet, il existe déjà la 4G et la fibre optique (qui elle ne présente pas de risque sur la santé) qui sont déjà fonctionnelles et qui présentent une grande qualité de connexion, suffisante pour une personne lambda. Il faudrait peut-être déjà l’étendre dans la totalité des régions rurales. Malgré de nombreuses promesses, cela ne paraît pas être la première priorité des opérateurs.

 

Il sera également important de se méfier du piratage et . La 5G sera davantage sécurisée que la 4G. Le risque de piratage paraît donc plus faible à première vue mais ce n’est pas réellement le cas. En effet, la 5G sera connectée à de nombreux objets de notre quotidien et sa connexion sera encore plus puissante.

Les nouveaux objets compatibles avec la 5G bénéficieront de beaucoup de points de connexions et d’une plus large bande passante afin de faciliter les connexions, mais, tous doivent être vérifiés et contrôlés. C’est donc plus difficile de ne pas oublier la moindre petite faille, qui pourrait mettre en danger tout le réseau. Plus le nombre d’objets connectés est élevé, plus nombreux sont les potentiels points d’intrusion pour un pirate. Il suffit pour le hackeur d’obtenir l’accès au moindre objet de la vie quotidienne, comme un réfrigérateur, une serrure de porte connectée, une enceinte connectée ou un thermomètre par exemple. Cela lui ouvrirait les portes de tout notre réseau et nos données personnelles.

De plus, les connexions 5 G entre les objets ne sont pas chiffrées et un appareil a donc accès à toutes les données de l’autre objet avec lequel il est appairé. Pour de simples particuliers, le problème provient principalement de la fabrication de l’objet connecté. Les fabricants de téléphones ou d’appareils connectés, particulièrement de bas de gamme, n’ont pas forcément la cybersécurité du client pour priorité. Il faudrait donc mettre en place certaines normes de sécurité afin d’inciter les fabricants à garantir notre sécurité informatique. Les usagers doivent également rester attentifs et réaliser des gestes simples, déjà importants aujourd’hui avec les anciennes générations de connexion, tels que changer régulièrement les mots de passe, mettre à jour les applications, utiliser un antivirus...

 

Un autre acteur, étranger mais dont l’avis concerne tout le monde, est la NASA qui s’oppose à la 5G.

Elle sonne la sonnette d’alarme, craignant que l’exploitation de certaines fréquences pour la 5G ne réduise les capacités de prévision météorologique. Ce serait même un retour en arrière de 40 ans, avance le patron du NOAA. Cela ne paraît pas très important pour un pays comme la France mais peut poser problème pour d’autres pays où les catastrophes naturelles sont fréquentes.

Enfin, un sujet qui divise le monde de la 5G est le cas de Huawei. Le constructeur a été accusé d’espionnage par les Etats-Unis, qu’ils soupçonnent de servir de “cheval de Troie” pour le compte de la Chine lors de son installation dans le monde. Les ayant interdit sur le territoire américain, les Etats-Unis, souhaitant en partie en profiter pour rattraper leur retard, ont mis en garde les autres États contre le géant chinois. Suite à ça, la France a elle aussi d’abord interdit Huawei sur l’Hexagone, avant de revenir en partie sur sa décision, mais favorisant tout de même les opérateurs travaillant avec ce constructeur.

En effet, les équipements Huawei sont interdits auprès de lieux sensibles et les autorisations d’exploitation sont écourtées et limitées à 8 ans maximum. Cela pose problème pour les opérateurs qui leurs sont clients, SFR et Bouygues Telecom, qui risquent de payer davantage et prendre un retard important sur leurs concurrents. Ces discordes et manques de transparence ne permettent pas de rassurer l’opinion nationale.

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